REGNY


Localité qui tire vraisemblablement son nom de la rivière le Rhins (on trouve primitivement : Fréniacus, dont l’origine doit être rapprochée du nom latin de la rivière, une autre opinion, Réniacus viendrait du Gaulois Rénnius, lequel viendrait de Rénos, nom de fleuve, de divinité, devenu nom d’homme).
A l’époque Carolingienne, sous le règne de Charles II, dit le Chauve, roi de France (de 843 à 877) le Prieuré de Régny, qualifié de petite abbaye (Ablatiola) dans un titre du X° siècle, fut fondé dans la seconde moitié du IX° siècle par le comte Silvad aux environs de 860 sous le vocable de St Martin et de l’ordre des Bénédictins, avec cinq moines plus le Prieur.
En 879 il était sous la férule de Boson roi de Bourgogne et de Provence, qui malade le céda au Prieuré de Charlieu par son testament à sa mort en 887. Charlieu règne sur Régny.
En 946 Louis IV dit d’Outremer roi de France donna par une chartre en faveur de Odilon abbé de Cluny, l’abbaye de Charlieu et le Prieuré de Régny qui en dépendait.
Le Prieuré de Régny jouissait des droits de Justice, haute et moyenne et basse et de nominations dans les diverses églises de la région, il était sous la protection du sire de Beaujeu.
Vers 1300 le prieuré faisait partie du diocèse de Macon et payait à l’évêque les droits de sire et décimes ainsi qu’aux seigneurs de Beaujeu.
Vers la fin du règne de Philippe IV dit le Bel et au rattachement de Lyon au royaume en 1313, Charlieu et Régny furent rattachés au Lyonnais.
Pendant le XIV° siècle des guerres et vicissitudes s’abattent sur le Prieuré, ce qui oblige le Prieur en 1375 avec les habitants de Régny à décider d’entourer le village de fortifications. Le Prieur abandonnera pendant cinq ans plusieurs de ses droits féodaux.
Début de la construction des murs 1378, fin des travaux 1425, longueur des remparts 600 mètres, 4 portes, 10 tours.

Visite du village : tours rondes, remparts, pont du 15e sur le Rhins, maison du 16e à pan de bois, église du 19e construite par l’architecte de Fourvière : Bossan
Visite de la Chapelle de Naconne du 12e : Cloche 18e, Statue saint Paul 17e, Caillou des mariés.

André Devis


 

Un bourg médiéval capitale de l'éponge

(Le Progrès 16.08.2005 :Anne-Laure Favereaux)

Les tisseurs à domicile ont disparu mais l'activité en usine résiste. Depuis longtemps, les villages du canton vivent au rythme du battement caractéristique des métiers à tisser. Le tissage reste ici le fer de lance de l'économie locale.

Le village de Régny est construit à flanc de colline sur la rive droite du Rhins, ses maisons formant un amphithéâtre audessus de la rivière. Cité médiévale du VIIIe siècle on trouve encore des vestiges des remparts et de quelques maisons à colombages. En cascade, celles-ci descendent éparpillées de la colline du Bois Dieu pour s'entasser sur les bords du Rhins, dont le pont date du VIIIe. Ce village ancien a été occupé depuis une époque très reculée. Pendant la guerre de Cent Ans, des fortifications entouraient la bourgade. On distingue encore nettement le tracé des remparts avec les sept tours qui le jalolonnent ainsi que les anciennes maisons très typiques des XIVe et XVe siècles, avec poutres apparentes et colombages toujours en place, qui renforcent l'apparence médiévale de Régny.

La religion à Régny

Au IXe siècle, un monastère bénédictin est fondé à Régny par le Comte Sivald. Ce monastère sera d'abord réuni à l'abbaye de Charlieu, puis au Xe siècle à celle de Cluny. Au XVIe siècle, le prieuré tombe en commende. A la fin du XVIIIe siècle, il n'y a plus de religieux à Régny. Le prieuré a marqué fortement le passé de la petite ville. Ce sont sans doute les moines, qui peu satisfaits du comportement à leur égard des sires de Beaujeu, ont demandé et obtenu le rattachement de Régny au Lyonnais. Ce sont également eux qui ont suscité la construction d'une enceinte fortifiée à la fin du XIVe siècle, pour mettre Régny hors d'atteinte des ravages liés à la guerre de Cent Ans. Aujourd'hui, la petite ville est réputée pour sa production de tissu éponge. L'usine phare fut créée en 1871 grâce, dit-on, à la qualité exceptionnelle des eaux du Rhins pour le blanchiment. L'établissement est en outre un exemple type de complexe textile associant usine, cité des cadres de direction et cité ouvrière.

Fête des brandons

Régny a longtemps été connu pour sa fête des brandons qui consistait en ce que tous les garçons majeurs s'assemblent au son du tambour le jour de Mardi-Gras dans une place de la ville avec chacun un outil permettant de couper du bois dont ils chargeaient une charrette.
Le dimanche suivant, dimanche des Brandons, ils exigeaient que les hommes mariés dans le courant de l'année, les suivent. Lorsque ceux-ci étaient attelés, ils traînaient la charrette chargées de fagots dans la ville , escortés par les garçons portant chacun un gros bâton sur l'épaule, marchant au son du tambour. La charrette était vidée sur la place tandis que les joyeux dansaient autour avant de se retirer ensuite dans les cabarets, où ils buvaient jusqu'à la nuit.
Lorsqu'un homme marié réapparaissait dans la ville après quelque laps de temps, il était saisi, promené par toute la ville au son du tambour, mené à la place avant d'être assis sur une chaise et attaché pour ne pas se relever.
De là, on lui découvrait la tête, chaque garçon tirait un seau d'eau de puits qu'ils lui jetaient sur la tête, changeaient sa chemise et ses habits, et le conduisaient ensuite au cabaret où ils le contraignaient de boire avec eux.

Deux églises pour la cité

Régny est visité pour son bourg médiéval, ses maisons à colombages et autres vestiges architecturaux.
Sur le territoire sont également érigées deux églises.

La Chapelle de la conversion de Saint-Paul (ou de Naconne), construite au XIIe siècle a subit quelques aménagements au XVIIe siècle. Restaurée, la chapelle fait maintenant partie du patrimoine local et national. Dans les années 1980, des paroissiens de Régny ont effectué d'importants travaux pour la sauver de l'abandon.
Sa particularité consiste dans le mur-clocher, qui s'élève au-dessus du toit en un campanile aux proportions harmonieuses, percé de deux ouvertures à voussures de plein cintre, aménagé pour recevoir deux cloches : la plus grosse date de 1748, la plus petite mise en place en 1987 de 1837.

 


L'église Saint-Julien construite de 1858 à 1877, par les architectes Bossan et Leo de Lyon. Caractéristique de l'oeuvre de Bossan, style néo-byzantin, elle comprend des voûtes d'arêtes en dôme, claveaux des arcs en pierre de deux couleurs alternées, supports et décors imités de l'orient.
Sur le tympan du portail, un agneau avec étendard représentant le christ et l'agneau offert en sacrifice qui a vaincu la mort par sa résurection. Cette église a remplacé un premier édifice dont la plus ancienne mention connue est de 1287.
La dévotion à la vierge est présente à Régny depuis des temps reculés. Une chapelle Notre Dame s'élevait sur la place éponyme dont la plus ancienne mention connue est de 1398. Aujourd'hui la crypte qui s'étend sous le choeur de l'église est dédiée à Notre Dame de la Pitié. Sur la toiture dominant le choeur, une statue de vierge à l'enfant entre deux anges adorateurs rappellent ce culte marital.